Don Giovanni à l'opéra de Montréal enchante le public

Don Giovanni est un opéra tout ce qu'il y a de plus classique, souvent référé comme un des plus grands opéras de tous les temps. C'est du grand Mozart, avec en prime Lorenzo da Ponte qui signe les textes. Quelle ne fut pas ma surprise donc quand j'ai lu la critique dans le Devoir qui prétend que ça sent « fort la naphtaline à l’Opéra de Montréal (OdM) cette semaine, où l’« opéra de papa » devient presque l’« opéra de grand-papa ». »

Don Giovanni - l'histoire

À 44 ans, c'est ma première expérience avec Don Giovanni, et ce que j'ai senti à l'OdM, c'est plutôt l'odeur des notes florales et fraîches du jasmin, l'odeur de l'amour... Très fébrile sur mon siège, les premières notes de l'orchestre m'ont transportée en Séville, et j'ai pu me laisser emporter par les scènes qui se dévoilaient sous mes yeux.

L'histoire est vieille comme le temps, mais toujours source d'inspiration chez les artistes : l'amour. Ou plus précisément, la séduction. Don Giovanni, avec l'aide de son valet Leporello, est le séducteur le plus couronné de succès, mais aussi le plus impitoyable. Une fois l'objet de son désir consommé, il lève les pattes et repart aussitôt à la chasse. Et pour continuer d'ajouter des noms à son tableau de chasse - ou dans ce cas-ci, son petit livre noir - , rien ne l'arrête. Il ira même jusqu'à tuer pour poursuivre ses conquêtes.

Hélas, la famille de la victime clamera la vengeance, bien résolue à démasquer l'infâme bourreau des coeurs et à achever son règne. Si Don Giovanni semble être inatteignable et invincible dans le premier acte, on assiste à sa déchéance dans le deuxième acte. Ne voulant aucunement se repentir de ses actes, celui-ci périra.

Toujours pertinent en 2025

J'ai entamé ce texte en vous avouant que je déplorais la critique du Devoir. L'opéra, pour moi, c'est un art sacré. Pouvoir assister à ces oeuvres plusieurs fois centenaires, c'est un privilège. Les plusieurs chanteurs et chanteuses sur scène étaient vêtues et emperruquées style XVIII^e siècle; normal, c'est un opéra classique. J'aurais été déçue de ne pas pouvoir profiter de ces beaux costumes et perruques qui font rêver le public. Je les ai trouvé beaux les personnages, et la scène m'a transportée dans une autre époque. Si je voulais un spectacle familier, je serais restée chez-moi pour écouter la télé !

Photo courtoisie opéra de Montréal - Vivien Gaumand

J'ai apprécié l'amalgame du dramatique et de l'humoristique, l'opéra étant du genre « dramma giocoso  ». Contrairement au critique masculin du Devoir qui ose parler de #metoo et qui se sent mal à l'aise devant cette histoire, je n'ai eu aucun malaise pendant ou après l'opéra. Je comprends qu'il s'agit d'une pièce d'une autre époque, et que le fait de mettre en scène un homme aux moeurs douteuses, voire abjecques, ne rime pas avec endossement ou support envers son comportement.

« [...] Dans cette production de Don Giovanni, ce sont les femmes qui détiennent les clés de la vengeance. »

- Stephen Lawless

Metteur en scène

Pour les « jeunes personnes  » et les néophytes comme moi, cette présentation de Don Giovanni sera reçue avec beaucoup plus d'ouverture et d'appréciation pour l'art. L'opéra demeure un art complet et magnifique qui existe dans son propre univers et qui n'est aucunement relié à la réalité, encore moins à notre réalité. En faire la lecture pour servir nos yeux contemporains est non seulement futile, mais je plains celui qui n'a plus la capacité d'émerveillement pour se laisser charmer par cette oeuvre qui transcende les générations.

Mon opinion en bref

J'ai adoré mon expérience à l'opéra de Montréal. J'ai été impressionnée par les costumes et les perruques, les personnages plus grands que nature, par l'orchestre absolument vertueux. Les voix m'ont émue, enchantée et transportée. Qu'est-ce que j'aurais pu souhaiter de mieux ? Mon baptême Don Giovanni s'est déroulé à merveille, je remercie les nombreux talents qui ont fait de cette pièce une oeuvre magistrale.

À voir absolument.

L'opéra Don Giovanni est présenté à l'opéra de Montréal le 30 septembre et les 2 et 5 octobre. Pour plus de renseignements : operademontreal.com